L’Obscur de Jeanne Labrune
L’empathie. Un mot à la mode que Jeanne Labrune exploite à fond dans ce roman sans jamais le nommer. La capacité de se mettre à la place de l’autre, Thomas en est-il capable ? Thomas qui a trinqué pour Traquette et passé cinq ans en hôpital psychiatrique pour ce crime qu’il n’a pas commis.
La rédemption est-elle possible pour Traquette, lie de l’humanité, capable du pire pour tromper l’ennui de son inutile existence et assouvir son inépuisable colère?
Anna, l’enfant, la victime, pourra-t-elle se construire une vie, passer au-dessus de l’horreur et oublier le spectre de Traquette qui obscurcit son enfance ?
Marie qui avait tout et ressent pourtant un vide incommensurable, trouvera-t-elle le sens qui manque à sa vie ?
Les personnages de Jeanne Labrune sont des écorchés vifs. Chacun traîne une lourde croix, individuellement terrible à porter. Et malgré tout, en se stimulant les uns, les autres, réunis par le hasard, ils continuent d’avancer. Même Traquette en deviendrait attachant…
L’Obscur est un de ces romans de la rentrée de septembre qui est passé discrètement dans la fièvre des prix. A tort. Un jury l’a toutefois distingué, celui de la bourse Thyde Monnier, attribuée par la Société des Gens de Lettres. C’est le premier roman de la cinéaste Jeanne Labrune. Une réussite riche en émotion et en sens. Au-delà de la force et de la profondeur des personnages, la romancière pose de nombreuses questions sur la société actuelle et la place de l’individu. Une lecture captivante et enrichissante.
Grasset (19,90 euros)
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